ERASED EARTH

ERASED EARTH

De l'observation des oiseaux

De l'observation du chant et du vol des oiseaux

( ou : les nouveaux augures en addictologie )

 

Cette année  à vu naître dans le champs dit « des addictions » un concept tout à fait fulgurant et pertinent quant’ à sa participation dans l’évolution nosographique (et donc sur notre manière de penser certains sujets qui viennent à notre rencontre) : le UNLUCKY [le (la) malchanceux (se) ].  «Depuis longtemps, les experts en neurobiologie, les psychiatres et les cliniciens ont prouvé, par ailleurs, l’influence prépondérante des facteurs de vulnérabilité aux addictions dans la réussite ou l’échec des traitements, la plus  ou moins grande propension à s’accrocher et a rechuter : se sont les unlucky… » [1]..

Les auteurs centrent leurs réflexions sur la notion de  « non réponse »  au traitement  (avec ses acolyte inséparables : le craving et la rechute).

Et arrive à son secours le Placebo qui renforce la dimension irrationnelle de la chance (phénomène de suggestion u de croyance) tout en excluant la dimension subjective liée à l’évènement. La dimension constitutionnelle de la chance devient ici une cause. Ainsi les experts « médicaux » posent la question de la chance comme un concept scientifique : la question de la causalité comme postulat scientifique c'est-à-dire d’une construction d'un système déductif, mais qu'on ne démontre pas lui-même.

 

Il est certain que ce nouveau « concept » nous questionne particulièrement. Comment prendre en charge la malchance ? Comment travailler avec la chance  lorsqu’il s’agit de penser cette clinique complexe ?

 

Concrètement, si l’on applique cette nouvelle nosographie, nous rencontrons quotidiennement des dizaines de unlucky. Beaucoup d’entre eux accumulent les malchances, ils sont d’ailleurs les premiers à le scander : « ce n’est pas de ma faute ….c’est pas de chance ! ».

Nous pouvons entendre ce qui est plutôt redondant dans leur discours de surface ….aucune responsabilité dans ce qui leur arrive …surtout lorsqu’il s’agit de traitement ou de leurs effets ……c’est le produit, c’est la chance  ou la malchance ?? Mais pas de sujet à l’horizon, ou plutôt comme si « personne » n’assumait l’énonciation, la responsabilité est déplacée…

Revenons donc au « soignant-observateur » qui observe que malgré tous le efforts déployés et la précision de ses protocoles le « patient-observé » ne répond pas comme attendu aux traitements.

Pourtant tout a été vérifié, calculé, pesé, pensé, mesuré, évalué……   « Cela  doit marcher, scientifiquement tout a été approuvé labellisé !! Tout y est ! ». Mais  cela ne marche pas avec ces  patients … Il ne reste donc plus qu’une seule explication ……la malchance !!!

 Que penser du fait qu’aujourd’hui c’est le soignant se barricade lui aussi derrière  cette vérité infaillible qui  jaillit lorsque son savoir est pris en défaut.

 

 Cette  mise en défaut n’est surtout pas interrogée du coté de la relation patient-soigant.  L’ «entité-concept » Unlucky se charge de remettre en ordre  tout cela.

Le patient, bien sûr, se garde dans ces cas là de contredire le maître. Réponse sans doute en miroir (l’on retrouve là la dialectique binaire +/-).

Mais heureusement, la naltrexone  se révèle (selon les auteurs) un excellent traitement contre la malchance ou pour les malchanceux.  Ce dernier à une chance de devenir un « malchanceux–chanceux »…..

Ainsi vont apparaître de nouveaux «  malchanceux de seconde génération » qui ne répondront pas au traitement  « anti-unlucky » (la naltrexone vue plus haut). Et ainsi de suite ….

Le paradoxe de Zénon[2] d’élée  illustre parfaitement cette course des temps modernes : sur la ligne de départ le patient-médicament  et son médecin-microscope.

Tout cela nous encourage à insister dans  notre travail sur la dimension du transfert et donc des effets que peut produire une relation entre deux sujets. 

Nous ne développerons point les multiples situations ou cette malchance s’est transformée en un désir de prendre la parole et d’en assumer ses effets….Un désir ou le sujet  s’y retrouve,  dans lequel il n’a plus à craindre de l’Autre sa perte, son anéantissement, l’angoisse insupportable ….Un désir qui va orienter le patient vers une pensée/vécu/ressentir  différents,  ce n’est plus son rapport au produit qui est fondamental mais sa relation  d’être à l’Autre : bascule significative dans cet acte symbolique.

A compter de ce moment là il pourra réellement introduire la nouvelle dimension de la « chance/malchance » qui prendra sa juste place pour le sujet. Le « unlucky » cessera d’être le « couteau suisse » avec lequel il s’avançait afin d l’interpréter tout « ce qui n’allait pas comme il faut »  dans son existence.

 



[1] Le courrier des addictions vol 11 octobre-novembre 2009 référence à l’article page 11 « les traitements », terme proposé par Charles O’Brian

[2] Paradoxe d’Achille et la tortue : Si Achille situé en O poursuit une tortue qui se trouve en A. Le temps qu'il arrive en A, la tortue sera en B. Achille devra donc ensuite aller en B. Mais alors la tortue sera en C, et ainsi de suite. Achille pourra se rapprocher sans cesse de la tortue, mais il ne pourra jamais la rattraper.



27/02/2012
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